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Le Private Equity : médaille d’or de la résilience

Les professionnels du Private Equity se retrouvent à l’IPEM Paris 2024 sur le thème Forging Confidence, quel bilan tirez-vous de ce 1er semestre 2024 ? Une reprise est-elle amorcée ?

Le Private Equity : médaille d’or de la résilience

Le marché du Private Equity a montré des signes de reprise après une période de ralentissement brutale en 2022/2023, marquée par des défis tant économiques que politiques : la hausse des taux d’intérêt par les banques centrales, notamment la BCE, qui a impacté directement la capacité des fonds de Private Equity à lever des capitaux et à financer leurs opérations de LBO, une inflation élevée persistante qui a augmenté les coûts opérationnels des sociétés en portefeuille et rendu les prévisions financières plus complexes et enfin, les tensions géopolitiques qui ont accentué les risques perçus par les investisseurs.

Dans ce contexte tendu, le Private Equity a néanmoins connu une reprise timide mais croissante au 1er semestre 2024 : au deuxième trimestre, l’activité de Private Equity en Europe a ainsi enregistré une augmentation de 27,3 % en valeur par rapport au trimestre précédent[1].

En France, ces premiers signes de reprise ont également pu être observés, notamment en mid-market, mais la dissolution de l’Assemblée nationale a intensifié le climat d’incertitude quant à l’orientation politique à venir et a provoqué un certain attentisme chez les investisseurs.

Quelles principales tendances avez-vous pu observer chez les fonds de Private Equity pour s’adapter à ce contexte particulièrement complexe ?

Les fonds de Private Equity ont à nouveau démontré leur capacité à naviguer dans des conditions de marché complexes. Les fonds ont ainsi continué de réorienter leurs investissements vers des secteurs résilients et stratégiques tels que la santé, la technologie, les industries à impact. Malgré l’appétit que suscitent ces actifs, nous notons néanmoins une tendance à des process de cession plus flexibles en termes de calendrier (notamment sur les délais de remise d’offre) et privilégiant un nombre restreint de candidats ciblés. Les acquéreurs prennent le temps de Due Diligence poussées, d’échanges fournis avec le management sur le Business Plan, de la recherche des financements adaptés mais aussi de structurations plus complexes avec le vendeur (complément de prix, réinvestissement).

Nous notons en outre que certaines activités, auparavant délaissées compte tenu de leurs fortes contraintes réglementaires à l’entrée (professionnels de santé, expertises financières, etc.) suscitent un intérêt croissant de la part des fonds de Private Equity.

Les fonds se tournent également vers des stratégies buy-and-build, consistant à acquérir une société principale, puis à réaliser une série d’acquisitions de sociétés dans le même secteur. Ces stratégies permettent de générer des synergies opérationnelles et financières, notamment en optimisant les coûts de structure et de valoriser l’ensemble du groupe, le rendant ainsi plus attractif pour une cession future.

Enfin, nous observons également une montée en puissance des fonds de continuation, qui, à l’instar de la tendance aux États-Unis, deviennent une option de sortie de plus en plus attrayante pour les fonds désireux de maintenir, pour un nouveau cycle, leur soutien à un actif de qualité.

Peut-on rester optimiste pour le second semestre 2024 malgré le contexte économique et politique en France ?

La conjoncture reste préoccupante : la France a ainsi atteint en juillet un record historique de faillites (plus de 5.800 cessations de paiement). La dissolution de l’Assemblée nationale, et l’impasse politique à laquelle elle a abouti, ne sont pas de nature à restaurer une confiance rapide chez les investisseurs.

Les chiffres d’activité du 2nd trimestre étaient toutefois de bon augure, et le succès des Jeux Olympiques ont dopé le moral des français et soutenu l’activité de certains services. Les conditions économiques devraient se stabiliser, avec une inflation plus modérée et une amorce de baisse des taux d’intérêts. Le Private Equity bénéficie d’un niveau record de liquidités, tandis que les fonds subissent une pression importante de la part des investisseurs pour céder leurs participations, dont la sortie était initialement prévue pour 2022/2023. Rappelons que près de la moitié des sociétés sous LBO le sont depuis plus de 5 ans ! Nul doute que le Private Equity saura une nouvelle fois faire preuve de résilience !


[1] Source : https://pitchbook.com/news/reports/q2-2024-european-pe-breakdown